Reflexions

Un jardin en pédiatrie. Quels impacts au quotidien et pour l’avenir ?

Le jardin thérapeutique ne se limite pas à un public adulte et encore moins, aux personnes agées, en EHPAD. Les jardins de soins ont également un rôle à jouer dans la prise en soins des « patients enfants« , un jardin en pédiatrie. Qu’il s’agisse d’une atteinte temporaire de sa santé, ou d’une pathologie chronique, le jardin impactera positivement l’avenir de ces enfants, qui auront pu en bénéficier durant leur hospitalisation. Impacts donc, sur leur quotidien et sur l’avenir.

Elan naturel de l'Homme

L’Homme possède par nature un élan pour la vie. Plus nous sommes jeunes, plus cet élan reste intact. Avec le temps, il risque fortement de se détériorer par les conditionnements des sociétés dans lesquelles nous vivons. Qui ne le cultive pas, perd son âme d’enfant et indirectement cet élan naturel pour la vie.

Nous sommes tous biophiles par nature, ce qui fait que, se couper de la Nature, de l’extérieur verdoyant, c’est se priver de notre propre nature, de ce qui nous compose. Se couper de soi.

Un enfant a donc par essence, toute nécessité à rester connecté au vivant et cela quelque soit son état de santé.

Lorsque l’enfant se retrouve hospitalisé pour un court, moyen ou long terme, il est privé de son état de nature. Ce qui nous conduit d’ailleurs aujourd’hui à parler de « Droits à la Nature » pour tous.

Implanter un jardin de soins, des espaces extérieurs à dominante végétale, c’est lui apporter sa « dose » de vivant, nécessaire à sa santé, son bien-être et à son développement. L’en priver aurait des effets, à l’inverse, totalement délétères pour lui.

Le développement par les sens

Par le jardin l’enfant développe certes ses capacités psychomotrices mais également psychosensorielles. Plonger dans un environnement aseptisé et « lisse », H24, 7 jours / 7 cela devient extrêmement plus complexe voire quasi impossible.

Dehors, l’enfant retrouve son instinct naturel reçoit tous les stimuli sensoriels dont il a besoin pour développer son intelligence et ses capacités. Retrouvant une certaine liberté, il s’exerce aux choixTeste les matières, les odeurs, les textures… Il libère son imaginaire et donc sa capacité créatrice.

Imaginaire, créativité, rêveries, autant d'éléments salutaires pour l'enfant.

S'extraire du quotidien

Plonger le temps d’une sortie, d’un séance au jardin, d’une balade, dans cet univers envoûtant permet de s’extraire du quotidien actuel empreint de stress, d’angoisses, de peur, d’incompréhension et parfois de colère.

Si l’enfant ne perçoit pas tout, il a néanmoins la capacité à ressentir les angoisses, peurs de son environnement direct.

Sortir, prendre l’air, se reconnecter à un environnement calme et serein.

Le jardin est un moyen d’apaiser le mental face aux questionnements multiples, aux incertitudes et à l’inconnu, auxquels doit faire face l’enfant.

Si la Nature ne réponds pas à toutes les questions elle a la capacité de calmer les coeurs et de trouver en soi, déjà un début de réponse.

S’extraire du quotidien, du rythme, du bruit du service. Retrouver les « vrais » bruits de la vie et non celui des chariots, des ordinateurs, des pompes à morphine et autres. Changer de fréquence.

Qu’on le veuille ou non ce milieu reste une agression pour le psychisme de l’individu. S’en extraire régulièrement, permet de tenir le cap face aux épreuves, soumises aux enfants, de mieux résister au stress.

S'échapper d'un quotidien dénaturé

Maintient du tissu familial

Comment ne pas se perdre dans de telles conditions ? Les liens familiaux sont fortement impactés, la cellule familiale explose et voit tous ses repères voler en éclats.

La maladie phagocyte tout le reste alors que tous réclame un retour à un état plus stable, normal, proche de ce qu’ils connaissaient auparavant. 

Comment se retrouver ? Comment mettre au placard la maladie et ses répercussions ne serait ce qu’un instant ?

Aujourd’hui les aidants sont de plus en plus pris en considération dans la démarche de prise en soins. Le nombres de maison des parents témoigne de cette volonté de maintenir le tissu familial.

Offrir un espace dépourvu d’éléments techniques, rappelant l’univers médical, permet aux enfants comme aux parents de se retrouver de nouveau, dans une certaine « normalité« . Normalité, quotidien d’avant, qui réconforte chacune des parties.

Oublier le temps d’un jeu, d’une lecture au jardin, d’une balade… Se projeter dans un avenir peut être meilleur, juste un instant.

Restauration de soi

Plusieurs études ont montré que l’immersion dans la nature ou qu’une simple vue de celle ci pouvaient impacter positivement sur la rapidité de restauration d’un individu.

Il se remet plus vite et mieux !

Être au contact du vivant, stimule les défenses immunitaires, les renforce mais persiste dans le temps à condition d’y retourner régulièrement.

Limiter le contact de l’enfant à une sortie par semaine, est insuffisant.

Des contraintes organisationnelles, liées au service, sont à prendre en considération. Mettre un jardin à proximité et en accès libre depuis chaque service, pour les enfants ou leurs proches est un moyen de pallier aux difficultés internes de l’hôpital.

Travailler ne serait ce tout bonnement, sur l’architecture des bâtiments et ses vues sur l’extérieur comme le fait depuis de nombreuses années, Roger Ulrich est également un premier pas significatif vers le pouvoir restaurateur et structurant de la Nature sur les enfants hospitalisés.

Enfant d'aujourd'hui, Homme de demain

Faire un jardin, est un acte d’engagement selon moi, qui dépasse de loin le cadre de la santé. C’est montrer la direction que l’on souhaite pour demain. Y inclure les générations à venir renforce d’autant plus cela.

En 2008 un équipe de chercheurs à montrer que l’attachement que nous pouvions avoir à la Nature durant notre enfance, influençait de manière significative notre comportement futur envers la planète.

Les arguments vus précédemment peuvent en grande partie être transposés à tous les stades de la vie, cependant il s’agit dans le cas des enfants, d’êtres en devenir pour lesquels, chaque émotion, expérience, forgera profondément l’individu de demain.

Offrir un jardin de soins aux enfants hospitalisés, c’est se donner toutes les chances de voir un jour des espaces de soins bien plus verts et bien plus adaptés à l’humain.

Pour aller plus loin

Les recherches et documents ne manquent pas. Arbitrairement je vous en propose trois : un PDF, un livre et un site internet d’un spécialiste.

  • Can Nature Make Us More Caring ? Effects of Immersion in Nature on Intrinsic Aspirations and Generosity (La nature peut-elle nous rendre plus attentifs ? Les effets de l’immersion dans la nature sur les aspirations et la générosité intrinsèques)

  • Biophilie, d’Edward O Wilson, traduit en français par G.Villeneuve.

  • Site de Richard Louv, auteur de Last child in the woods

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4 commentaires

  • jardin de Vezennz

    Bel article! tout à fait d’accord: « jardiner est un acte d’engagement « , pour soi, pour l’Autre, pour notre planète

    • Paule Lebay

      Acte citoyen, acte écologique écoresponsable et en ce moment politique ! Avec l’approche des élections, c’est incroyable l’interêt nouveau que les communes ont pour nos actions dans le domaine des jardins thérapeutiques…

  • Anaïs et Federico

    Un bel article, qui me touche car il me fait penser à mon amie qui a traversé l’épreuve de voir son enfant de 2 ans atteint d’un cancer (il va bien aujourd’hui, quel bonheur!).

    Il leur était interdit de l’emmener à la campagne car il n’y avait pas d’hôpital proche capable de le prendre en charge s’il lui arrivait quelque chose… Heureusement qu’ils habitaient près d’un parc immense et qu’ils ont pu s’y promener régulièrement, même brièvement. Avoir un jardin à l’hôpital aurait été autrement plus pratique, pour elle comme pour toutes les familles vivant loin d’un parc.

    On n’a pas idée, de l’extérieur, de la dureté du quotidien des familles touchées par une maladie grave chez l’enfant. C’est bien souvent le divorce, la ruine et la dépression. La nature et sa couleur verte, couleur du chakra du cœur, nous aide à supporter des épreuves très difficiles. Cela vaudrait le coup de réfléchir à des projets de mise en place de jardins hospitaliers. Qu’en dis-tu?

    Merci pour cet article!

    • Paule Lebay

      Tout d’abord merci Anais pour ce beau retour. C’est bien tout le but de mon travail actuellement, que de faire connaitre un maximum les jardins thérapeutiques, que je préfère nommer jardins de soins. Mon association : Plus de vert less béton l’Asso récolte des fonds également dans le but d’aider au financement de ces espaces tellement vitaux dans les lieux de soins. Comme tu le dis si bien, ces lieux sont non seulement bénéfiques aux patients eux mêmes mais aussi aux proches, durement impactés, et enfin aux soignants, personnels qui donnent également beaucoup de leur énergie propre. Je sais qu’il existe des installations de jardins qui existent déjà dans des maisons des parents notamment. Bien évidemment c’est encore trop peu, mais si personne ne donne aux associations ou ne s’investit concrètement dans l’action, celà restera je le crains encore trop anecdotique. Très belle journée à toi, et encore merci pour ce commentaire ! Au plaisir de te lire. 😉

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