Animation au jardin,  Reflexions

Hiver au jardin

Quoi faire l’hiver au jardin ?

Les questions ou remarques, qui me sont fréquemment posées ou faites, par les professionnels de soins, utilisant le jardin de soins comme aide à la thérapie, sur l’hiver au jardin sont : 

« Que peut on faire l’hiver au jardin ? » 

« On ne peut rien faire ! » 

« Il ne se passe rien, tout est au ralenti » 

Ce qui m’amène à plusieurs points de réflexion lorsque j’entends cela. 

Saisons et personnalités

Si vous demandez quelle saison ont en préférence les personnes autour de vous, à coup sûr vous aurez des réponses différentes et souvent argumentées, quant à ce choix. Voici un éventail d’exemples, d’arguments qui peuvent alors être donnés en faveur de notre préférence.

Printemps

Il y a ceux qui préféreront le printemps, qui symbolise  à leurs yeux :

  • le renouveau
  • la vie
  • la force de vie
  • l’élan
  • le souffle nouveau
  • la naissance ou renaissance
  • par extension,  le monde des possibles. 

Été

Pour l’été cela peut évoquer : 

  • les vacances
  • les amis
  • l’évasion
  • la liberté
  • la chaleur (agréable)
  • le vent chaud
  • la fraîcheur de l’eau (mer ou celle d’une boisson, ou encore d’une source en montagne)

Automne

Pour celles et ceux préférant nettement l’automne cela peut renvoyer à :

  • la famille
  • aux plats mijotés
  • à la douceur du foyer
  • à la douceur des températures
  • à la douceur des aliments de saison
  • à une luminosité particulière
  • à des couleurs chaudes
  • à un enveloppement 
  • à l’introspection

Hiver

L’hiver peut lui aussi être envisagé comme un élément positif, attendu et apprécié. Certains verront en lui :

  • L’introspection
  • La famille 
  • le plaisir de consommer des boissons chaudes
  • le calme, l’apaisement suscités par la neige
  • la pureté
  • le silence
  • le ressourcement avant l’action
  • le jeu 

A contrario, pour montrer son aversion pour une saison, tout argument positif peut être renversé et détourné de manière négative. Il se peut que selon la période de vie que nous traversions, nos goûts en matière de saison évoluent aussi. 

Mais là n’est pas vraiment le but de ma démarche… Ce qu’il ressort de tout cela c’est que chacun possède des préférences et possède également une vision bien à lui de ce que sont les saisons. Chacun met dans ses préférences de sa personnalité, de sa singularité et cela, même si nous sommes deux à déclarer aimer une saison identique. Les raisons de notre attirance peuvent être totalement différentes !

Et si au final notre préférence reflétait bien plus de nous, de qui nous sommes ou de ce à quoi nous aspirons à un moment « T » de notre existence ? 

Et est ce que la maladie, les soucis de santé, l’âge, le handicap, anéantissent toute attirance ou expression de soi au travers de son attirance pour une saison ?  

Pro activité mon amour

Je remarque malgré tout que l’hiver est bien souvent, en dehors des temps de fêtes,  associé à plus de négativité, de morosité. Comme si le ralentissement, la dormance, le repos, la pause temporelle étaient difficilement compatibles avec l’état d’esprit des sociétés modernes d’aujourd’hui, de la recherche d’efficacité et de productivité. 

Certains peinent même à envisager des pauses dans leur quotidien et culpabilisent si cela devait s’installer trop dans le temps. Alors que dire de la Nature qui se réclame le droit de ralentir plusieurs mois durant !

La tendance se veut être en faveur de la Pro-activité. Tout le monde sait cependant que vivre, être actif sans dormir par exemple serait   in-envisageable ! La majorité d’entre nous, nous accorderons sur le fait que lorsque l’on a bien dormi et en quantité suffisante, en fonction de qui nous sommes, de nos besoins, de notre singularité, nous serons davantage Pro actif le lendemain ? 

Pourquoi alors accepter un rythme biologique (et donc naturel) d’un côté et le voir si négativement de l’autre, lorsqu’il s’agit de saison ? 

Si certains doutent de ce que j’avance, pourquoi alors ces questions récurrentes vues précédemment : « mais que va t’on bien pouvoir faire l’hiver ? » autrement dit : «Comment va t’on pouvoir maintenir le rythme, la Pro activité des autres saisons, dans nos actions au jardin ? »

Lissage

Encore un sous titre étrange… Où vais je encore vous amener dans la réflexion ? 

M’est avis, que dans les établissements de soins, dans les lieux d’accueil en santé, plusieurs éléments conduisent à une sorte de lissage du temps

On parle de journée « type » pour chaque professionnel. Le rythme de journée des bénéficiaires, patients, résidents est aussi bien cadré :

  • le petit déjeuner c’est entre telle et telle heure,
  • les toilettes doivent être terminées au maximum à telle heure afin de pouvoir enchainer sur
  • le nettoyage des locaux,
  • déjeuner servi à …,
  • passage de relai entre les équipes à…
  • collation…
  • heures de visites…
  • heure de coucher…

Ce découpage de journée a certes bien des avantages organisationnels

Si l’on parle cadre de vie on retrouve des bâtiments, des services, aux architectures très peu changeantes et facilement identifiables :

  • Long couloir
  • largeur des passages
  • des portes coupe feu à double battant
  • grande porte de chambre afin de faciliter le passage des lits dans leur intégralité
  • linos aux couleurs improbables en dehors de ces lieux (avouons le !)
  • couleurs qui parfois débordent même jusqu’aux murs…

Côté luminosité, il est très difficile d’avoir une nuit noire. Une vraie nuit noire !! Quand le service ne reste pas lumière allumée nuit et jour, il reste toujours des veilleuses par ci par là. La nuit noire n’existe plus. On vit, on se soigne et on travaille sous lumière artificielle

Parfois une décoration vient personnaliser tout cela comme en EHPAD ou en IME par exemple. Cependant, si on vous projette les yeux bandés dans un établissement de soins, un fois le bandeau tombé vous ne peinerez sans aucun doute à identifier le type de lieu où vous vous trouvez. 

Tout amène un lissage du temps. Tout est calé, rythmé de manière collective et loin des besoins naturels et personnels de chacun. 

Heureusement de plus en plus d’architectes se penchent sur cette question, de sorte de venir humaniser davantage ces lieux de ressourcement, de guérison.  

Tout cela pour en venir à : 

Plutôt que de chercher à venir dynamiser, à venir rendre identique toutes les choses et donc ici les saisons, pourquoi ne pas à l’inverse chercher à accentuer les différences de rythme ? 

Pourquoi vouloir dynamiser ce qui est naturellement au ralenti ?

Retour au calme

Plutôt que de chercher ce lissage du temps, je propose davantage une accentuation des écarts, du décalage, de la différence

Si ce ralentissement ce fait sentir lors de la période hivernale, accueillons la dans nos jardins de soins, les bras grands ouverts. 

Laissons le calme, la différence, le ralentissement prendre la place naturelle qui lui revient dans la vie des bénéficiaires du jardin. Tout comme nous acceptons le rythme circadien, acceptons le rythme des saisons et de ce que cela procure et génère en chacun de nous. Accepter la différence de saison, accepter nos différences de personnalités. 

Faire de ce décalage de rythme, d’ambiance un atout au jardin plutôt qu’un point négatif. 

Vous accueillerez certainement d’autant plus chaque début, de chacune des saisons. 

Aaaaah l’hiver… quel doux rêve…

Et vous ?

Et vous ? que pensez-vous de tout ça ? 

Laissez-moi un petit mot dans les commentaires ci-dessous. 

1)  je suis curieuse de savoir ce que vous pensez

2) le partage d’opinion fait toujours grandir (que l’on ait les mêmes opinions ou pas)

3) ça fait plaisir de savoir qu’il y a quelqu’un derrière cet écran !!

4) prenez bien soin de vous, les amis. 

Clin d'oeil hivernal

Lambeaux de nuages
emportés par un vent froid
un ciel bleu foncé

Une écharpe blanche
autour de la cheminée
la première neige

Brouillard matinal
les pics blanchis des montagnes
jouent à cache-cache

Bonhomme de neige
debout sans yeux ni oreilles
les rires des gosses

Un vent turbulent
souffle sur toutes les vitres
croquis de glaçons

Keith Simmonds

2 commentaires

  • Federica Cane

    Bonjour! Je viens di lire votre article, dont je vous remercie. Certainement nous sommes inquiets dès que la visibilité du « faire » s’affaiblit, comme si « rester » là où la saison nous place était sans intérêt. Cela dit, en hiver il a beaucoup à faire en jardin et pour le jardin : préparer les semences, nettoyer les outils, appareiller de petites maisons pour les oiseaux et les insectes, regarder les catalogues des pépinières pour imaginer le printemps qui ne tardera … Boire du thé en regardant par la fenêtre, meme en Ephad se balader dans les couloirs pour regarder le ciel … Merci!

    • Paule Lebay

      Je suis totalement d’accord avec vous Fédérica ! Accepter la différence de rythme ne signifie pas qu’il n’y a rien à faire. Merci dans tous les cas pour votre commentaire. ça fait toujours plaisir.:)

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