Reflexions

Le jardin thérapeutique, lieu d’expression

De la conception à son occupation, en passant par ses ateliers d’hortithérapie, le jardin de soins devrait être fait pour et AVEC les patients, les bénéficiaires. Je préfère généralement leur donner le nom de « jardiniers« , pour son côté plus englobant (patients, proches, accompagnateurs soignants ou bénévoles) et moins stigmatisant. L’inclusion de ces derniers dès le départ de chaque projet permet une meilleure appropriation du jardin en devenir et de sa future utilisation à des fins d’aide à la thérapie. Il n’est pas question de revenir sur ces aspects. Non, aujourd’hui je propose une vision plus psychologique, en notant les points qui font du jardin thérapeutique un lieu d’expression pour les bénéficiaires.

Qu'est ce que l'expression ?

Repartons de la base en s’intéressant à la définition de  l’expression :

L’expression est : « Action d’exprimer quelque chose, de le communiquer à autrui par la parole, le geste, la physionomie« 

Mais aussi : « Ce par quoi quelque chose se manifeste. Ex : La soif est l’expression d’un besoin.« 

Ce qu’il ressort de ces définitions c’est que l’expression :

  • est le passage de quelque chose qui est interne à soi, qui nous appartient, vers l’extérieur.
  • peut se manifester de plusieurs manières
  • qu’un médium peut faciliter ce passage de l’intérieur à l’extérieur. Être un moyen.
  • que le médium peut devenir le reflet de l’expression. Être le résultat.
  • permet la relation, le lien avec l’autre, les personnes qui m’entourent.
Joie

Jardin et expression et auteur

Quels liens pourraient on voir à partir de cette définition et le jardin thérapeutique ?

Peut on aujourd’hui considérer le jardin comme médium à l’expression ? Et a fortiori qu’un jardin de soins, soit l’expression même de ce que ressent les patients, les aidants ?

Le jardin pourrait il être à la fois un moyen et le résultat de ce que souhaite exprimer les bénéficiaires ?

Si tel est bien le cas, ce que personnellement je pense, en quoi le jardin pourrait être concrètement, la manifestation des expressions des bénéficiaires?

Enfin, en agissant sur le jardin, cela a t’il une répercussion sur l’expression de chacun ? Le jardinier lui même peut il modifier son expression au travers ses actes au jardin ?

Sérénité

Quand l'expression dépasse les maux

S’exprimer peut passer au jardin par différentes manières :

  • Par la composition du lieu en lui même, ce qu’on retrouve au jardin, ce qu’on y met. Le jardin est à l’image de ses occupants si l’on laisse la possibilité de choisir, d’affirmer ses goûts, de donner des arguments à ces derniers.
  • Par le comportement au jardin. Agitation, volubilité, isolement, rituel inchangé depuis des années… Dans l’intimité ou en public. Que disent les comportements de chacun au jardin ?
  • Par nos actes au jardin. Nos actions on un sens. Derrière le sens, l’expression de soi. Pour cela laisser faire et observer attentivement ce qui se passe lors des ateliers, des balades au jardin.
  • Par les mots et gestes utilisés. Les mots sont parfois aidants, parfois trompeurs, tronqués selon l’état émotionnel où la personne émettrice se trouve. Ainsi les mots deviennent l’expression de nos émotions. Le non verbal est le principal vecteur de la communication. Que l’on possède le verbe ou non, nos gestes, leur douceur, leur rapidité, leur côté abrupte, leur lenteur… un regard qui part sur le côté ou au contraire qui nous fixe. Est ce que cela a encore un sens lors de troubles associés à une pathologie ? Valent t’ils plus, moins, ou est ce égale à la personne dites « en santé » ? Et le récepteur de cette expression dans quel état est il ? Comment est il au moment d’accueillir l’expression du jardinier ?
Amour

Que peut on exprimer au jardin ?

Échantillon de ce qui peut s’exprimer au jardin. En devenant malade l’on peut très rapidement ressentir « l’enfermement ».

Enfermement lié au lieu : être H24 dans un établissement, un service ou tout simplement dans le collectif.

Enfermement face à une dépendance par rapport à autrui. Le sentiment d’une aide unilatérale accompagnée parfois d’un sentiment de privation de ses droits et de sa capacité à décider pour soi.

Enfermement dans une pathologie, les troubles associés ou le handicap. Sentiment d’être réduit à cela et non plus à soi, en tant d’individu unique et en capacité.

Le jardin face à cela peut devenir le lieu d’expression :

  • des désirs. Ex : désir d’être seul (e) ou accompagné (e), de s’isoler un instant ou à l’inverse de trouver des connexions différentes avec autrui.
  • de sa créativité, de son imaginaire. Ex: en participant à la conception d’un massif, d’un bouquet, par le landart, par la création d’astuces, d’outils adaptés à soi et à ce que l’on souhaite faire en autonomie au jardin ou tout simplement en rêvant assis sur un banc…
  • de sa capacité à décider pour soi et à participer soi même à sa santé.
  • de ses émotions positives comme négatives.

Avoir le jardin comme lieu d’expression, peut être envisagé bien entendu, pour jardiniers patients, mais aussi pour tout aidant. Lui même enclin à divers sentiments, émotions, induits par le handicap, la pathologie de son proche et le rôle imprévu d’aidant qui lui incombe.

Comme on ne choisi pas d’être malade, on choisi pas la responsabilité d’aidant, excepté pour les professionnels de soins. Ça nous tombe dessus comme un coup de massue.

Partage

A vous la parole

J’ai bien conscience que ce thème d’expression au et par le jardin est bien plus large que cela. Comme à chaque fois, ma volonté est d’amener à la réflexion, au questionnement, aux échanges.

J’aimerais, que si vous êtes vous même atteint d’une quelconque maladie, ou handicap, avez traversé ou êtes en train de traverser des difficultés de santé, puissiez vous exprimer sur ce sujet.

Dites nous, ce que vous ressentez et comment le jardin vous aide à exprimer ce que vous ressentez.

Aidants naturels et aidants professionnels, sentez vous libres également de nous faire par de votre expérience.

Considérez cet espace de commentaires comme un nouveau lieu d’expression.

Au plaisir de vous lire.

Version anglaise

Retrouvez la version en anglais de cet article :

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